Villa Gyllenberg, Helsinki
13.9.2023-14.1.2024
Commissaire de l’exposition : Laura Gutman

Biographie
Jeunesse
29.10.1870 : naissance de Werner Paul Bernhardt von Hausen à Helsinki. Il est le fils du banquier Paul Frans Wilhelm von Hausen et de Fanny Maria Westerberg, d’origine suédoise. La famille von Hausen est de noblesse balte-allemande, propriétaire du manoir de Mokulla, à Lahti, depuis le XVIIIe siècle.
Lycée suédois de Helsinki et études d’architecture à l’Institut polytechnique.
Printemps 1893 : Ecole de dessin de l’Ateneum avec son ami Bruno Aspelin ; renvoyés avec un groupe d’artistes rebelles, ils demandent à Akseli Gallen-Kallela de superviser leur travail. Eté 1893 : Carélie.
1893-1894 : Paris
Inscrit à l’Académie Julian. Fréquente les peintres suédois Ivan Aguéli et Olof Sager-Nelson, les Finlandais Magnus Enckell, Bruno Aspelin, Väinö Blomstedt, Pekka Halonen et le poète français Charles Grolleau. Retrouve la communauté nordique aux soirées d’Ida et William Molard, auxquelles se joint Paul Gauguin ; fréquente le salon de la poète symboliste Marie Huot. Vient en aide à Ivan Aguéli, emprisonné à Paris pour anarchie.
1895: Le Caire, Jérusalem, Constantinople, Samos
Décembre 1894 : rejoint Ivan Aguéli, parti retrouver le peintre français Emile Bernard en Egypte. Janvier-mars 1895 : séjour de Marie Huot au Caire. Juin 1895 : s’arrête à Samos pour voir les peintures murales d’Emile Bernard au monastère des Missionnaires de Lyon.
Automne 1895 : retour en Finlande ; séjour à Munich.
1896-1901: Italie
Eté 1896 : fréquente le cercle scandinave et fait la rencontre de la musicienne norvégienne Eugénie Bretteville Magelssen (Nenni) à Florence. 1.5.1897 : mariage à Oslo. Ils s’installent à Marielyst, au Danemark. Mai 1899 – juillet 1901 : en Italie (Rome, Francavilla al Mare, Assise, Marina di Equa, Girgenti, Pompéi, Florence). Retrouve Bruno Aspelin et fait la connaissance du sculpteur allemand Paul Schultz, du peintre danois Peter Olsen-Ventegodt et du couple d’artistes néerlandaises Sara De Swart et Emilie van Kerckhoff.
1901-1906 : Norvège, Danemark, Finlande
1901-1903 : installation en Norvège, Villa Granheim en banlieue d’Oslo. 1903-1906 : Helsinki, Ulrikasborgsgatan 5 puis villa en baie de Töölö, Djurgården 10. Noël se passe fréquemment au manoir de Mokulla et l’été dans des villégiatures nordiques.
1907-1908 : Laren, Paris, Laren
Juin 1906 : visite aux Pays-Bas, dans la colonie d’artistes de Laren, à l’invitation de Sara de Swart et Emilie van Kerckhoff. Visite d’Emile Bernard. Septembre 1907 : avec Felix et Fernanda Nylund en Normandie, à Petites-Dalles. Novembre 1906 – mai 1907 : Paris, 51, rue Boulard. Eté en Bretagne à Perros-Guirec. Octobre 1907 – avril 1908 : Paris, 6, rue Charles Divry. Retour en Finlande, après deux semaines à Laren.
1908-1951 : Grankulla

1908 : installation à Grankulla, où ils ont acquis un terrain en 1904. 1911 : plans de la Villa Reire (Nid en norvégien) signés par l’architecte Alarik Tavaststjerna. 1908-1918 : enseigne à l’Ecole d’art appliqué de Helsinki. 1908-1938 : enseigne à l’école de Grankulla. Etés en villégiature au bord de la mer.
Anthroposophie
31.3.1913 : Werner von Hausen s’inscrit à Berlin dans la Société d’anthroposophie, groupe Lukas. 1924-1932 : Vice-président de la section suédophone de la Société finlandaise d’anthroposophie à Helsinki ; brièvement président en 1931. Août 1926 : séjour à Dornach, centre de l’anthroposophie, en Suisse.
Guerre civile / Norvège
Août 1918 – 28.8.1919 : après une brève déportation dans une ferme par les Rouges, Werner von Hausen s’éloigne avec sa famille en Norvège. Séjour à Lillehammer chez Gina Borchgrevink, féministe norvégienne.
1926 et 1929 : Italie
Séjours chez Sara de Swart et Emilie van Kerckhoff, à Anacapri.
Dernières années
Avril – septembre 1947 : séjour en Norvège, alors que la Finlande connaît de grandes pénuries alimentaires. Dernière série de paysages norvégiens à Vågå.
Octobre 1850 (80 ans) : exposition personnelle à la galerie Hörhammer (38 œuvres).
12.7.1951 : décès de Werner von Hausen, à Grankulla
Visite virtuelle
Antimodernité

Il serait faux de croire que les artistes ont toujours souhaité être modernes. Au début du XXe siècle, en réaction aux avant-gardes, se développe un mouvement antimoderne. Plutôt que de se projeter dans l’avenir, les artistes antimodernes préfèrent s’inspirer d’un art classique, ayant traversé le temps.
Werner von Hausen est le représentant du mouvement antimoderne en Finlande. Il a été marqué par ses rencontres avec Emile Bernard, l’un des principaux théoriciens du mouvement. Dans son manifeste publié dans le quotidien Hufvudstadtsbladet en 1923, il explique être à la recherche d’un équilibre poétique, éloigné tant du matérialisme de Lucifer que du spiritualisme d’Ahriman – selon la terminologie anthroposophique qu’il utilise. Il se donne pour objectif de produire un art qui ne cède pas aux injonctions de la mode et revendique un calme immuable et éternel. Se tenant volontairement à l’écart, son œuvre suscite l’incompréhension des critiques d’art finlandais.
L’antiquité classique

Werner von Hausen obtient des commandes de copies de fresques et de vases antiques pour l’Etat finlandais, qui financent ses séjours en Italie et à Paris. Il effectue des collectes de vases et de statuettes antiques en Sicile, à l’intention du musée d’Arts appliqués à l’industrie de Helsinki. Ces objets et copies sont destinés à servir de modèles aux étudiants et représentent les premiers éléments d’une collection d’antiques en Finlande.
Au début du XXe siècle en France, une identité méditerranéenne est recherchée et opposée aux brumes du Nord. L’antiquité grecque et romaine inspire à nouveau les artistes, dans un mouvement désigné comme un Retour à l’ordre. Werner von Hausen revient régulièrement à une inspiration classique et équilibrée dans sa peinture.
Les années de jeunesse (Le Caire)
Werner von Hausen témoigne très jeune d’un talent de dessinateur. Il envisage une carrière d’architecte, avant de se consacrer à la peinture. Renvoyé pour rébellion avec ses camarades de l’Ecole de dessin de Helsinki, il reçoit les conseils d’Akseli Gallen-Kallela au printemps 1893. Il part passer l’été en Carélie sur ses conseils, puis étudie à Paris. Cette période, au sein d’un groupe d’artistes nordiques symbolistes, le bouleverse profondément.
Seule personne autorisée auprès d’Ivan Aguéli, emprisonné à Paris pour anarchie, il assiste à la conversion du peintre suédois à l’Islam. Lorsqu’Aguéli part en Egypte, von Hausen décide de le rejoindre et passe six mois au Caire au début 1895. Il y rencontre le peintre français Emile Bernard, dont l’influence est fondamentale. Les « trois mousquetaires », ainsi surnommés par la poète Marie Huot venue les rejoindre, peignent des femmes Fellah (paysannes égyptiennes) dans le quartier du Vieux Caire.
Voyages en famille (Laren, Paris)

L’amitié de Werner et Nenni von Hausen avec Sara de Swart et Emilie van Kerckhoff, l’une sculptrice et l’autre dessinatrice hollandaises rencontrées en Italie, est à l’origine de nombreuses rencontres. Leur intérêt commun pour la théosophie et l’anthroposophie les unit.
En 1907, Emile Bernard les retrouve dans la colonie d’artistes de Laren, aux Pays Bas, où habitent leurs amies hollandaises ; ils peignent ensemble un portrait de groupe en diptyque. Quelques mois plus tard, les von Hausen assistent à la messe organisée par Bernard à Paris à la mémoire de Paul Cézanne.
A Paris en 1907-1908, Werner von Hausen s’intéresse à la gravure. Il reproduit des motifs peints au parc de Saint-Cloud. Il peint de grands portraits de sa femme et de ses filles, qui témoignent de l’intimité familiale.
Villa Reire (Grankulla / Kauniainen)



Werner von Hausen est l’un des premiers résidents de la cité-jardin de Grankulla, en plein développement au début du XXe siècle. L’installation d’artistes et de nombreux écrivains donne à la petite ville une physionomie de colonie d’artistes. On compte parmi les proches du couple Svea et Alarik Tavaststjerna, qui produit le dessin d’architecte de la Villa Reire, le proviseur de la nouvelle école Magnus Hagelstam, ainsi que Felix et Fernanda Nylund, le sculpteur et son épouse musicienne et peintre danoise.
L’école, où Werner von Hausen enseigne le dessin pendant quarante ans, est le cœur de la ville, fréquentée par tous les enfants suédophones. Dans son atelier, le peintre peint essentiellement des natures mortes et des portraits. Il exécute également des ex-libris, destinés aux livres de ses voisins. Le voisinage favorise des liens qui s’affranchissent des générations et des styles. Werner von Hausen fréquente de la sorte des parangons du modernisme, comme les frères Olof, Rabbe et Törger Enckell installés à Grankulla.
Le paysage nordique
L’omniprésence d’arbres comme point focal des paysages de Werner von Hausen suggère une projection de l’artiste dans une nature anthropomorphe. Les arbres semblent éprouver la déclinaison des saisons et le temps qui passe avec une constance et une sérénité inébranlable. L’artiste s’adonne à la peinture de paysage au cours de l’été. Il rend sans emphase la nature domestiquée de la propriété familiale de Mokkula, près de Lahti, ainsi que d’autres manoirs des environs de Grankulla.
Parti précipitamment en Norvège avec sa famille, à la suite de leur rétention par les Rouges au cours de la Guerre civile, Werner von Hausen travaille en 1918-1919 à Lillehammer. Il retourne en Norvège dans les années de pénuries qui suivent la Seconde Guerre mondiale ; il obtient une harmonie en bleu et vert incomparable dans ses motifs norvégiens.
En pleine lumière (Rome, Pompéi, Anacapri)



La métaphore de la lumière révélatrice de la destinée est particulièrement juste pour Werner von Hausen, lorsqu’il fait la rencontre d’Eugénie Bretteville Magelssen (Nenni) à Florence pendant l’été 1896. Solveig, le surnom qu’il donne à la jeune femme norvégienne, peut se traduire comme la voie du soleil. Une fois mariés, le jeune couple retourne vivre en Italie en 1899-1901, et explore la péninsule avec des arrêts prolongés à Assise, Pompéi et en Sicile.
C’est en Italie que Werner von Hausen devient véritablement peintre, encouragé par l’exemple de son ami danois Peter Olsen-Ventegodt, qu’il retrouve à Pompéi en 1926. Le critique d’art Onni Okkonen ne se trompe pas lorsqu’il décèle une influence du classicisme danois dans sa peinture de ruines antiques. L’installation de leurs amies hollandaises à Anacapri est l’occasion de nouveaux séjours en Italie et en Provence entre 1926 et 1930. Le bleu azur qu’il affectionne tant offre alors un contraste lumineux avec les maisons blanches de l’île de Capri.
Anthroposophie



Bien que fasciné par l’ésotérisme depuis sa découverte à Paris en 1894, ce n’est qu’avec la Seconde Guerre mondiale que Werner von Hausen adopte des sujets spirituels. Il cherche alors un réconfort dans la lecture de Rudolf Steiner, le fondateur de l’Anthroposophie – un mouvement auquel il a adhéré dès 1913 à Berlin. Il a été vice-président de la Antroposofiska Sällskapet de 1924 à 1932, et s’est rendu en 1926 au Goethéanum, le centre anthroposophique de Dornach, en Suisse.
Proche d’anthroposophes, telles que ses amies hollandaises ou Uno Donner, Werner von Hausen fréquente à Grankulla le couple de Benedikt et Martä Wolontis, née Wärnhjelm. Cette dernière est une pionnière de la danse eurythmique, qui associe danse, poésie et couleurs, et qu’elle a introduit en Finlande en 1925. Eva Törnwall-Collin, qui occupe la villa de ses parents à Grankulla avec son mari, le peintre Marcus Collin, est également une anthroposophe convaincue. Leurs œuvres anthroposophiques témoignent d’une convergence de l’art et de la religion.
La presse en parle


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