Venue étudier la peinture à Paris, Fanny Låstbom a finalement passé de nombreuses années loin de la Suède. L’atelier qu’elle occupait dans la cour du 7, rue Vercingétorix à Montparnasse était au coeur des échanges entre artistes nordiques et français. Son amie Ida Ericson, qui avait épousé le musicien franco-norvégien William Molard, y avait son atelier de sculpture, dans lequel trônait un piano. Dans ce vaste espace dénué de cloisons, Ida recevait chaque semaine la colonie nordique de Paris.

En 1894, Paul Gauguin, qui avait fréquenté ce milieu avec sa femme danoise, s’installa à l’étage. Il y demeura en compagnie d’Anna la Javanaise jusqu’à son départ pour Tahiti, un an plus tard. Dans son sillage, s’agrégèrent de jeunes littérateurs, qui participaient à sa renommée dans les revues de l’époque.

De ce moment exceptionnel, il reste de nombreux récits, des portraits, des photographies. Grâce à Fanny Låstbom, le goût de ces rencontres peut également être restitué. Son cahier de recettes, transcrites en suédois, est un trésor inestimable. Les recettes préférées d’Ida Molard, de Ville Vallgren, d’Ida Maton y sont consignées aux côtés des siennes et de celles de sa soeur Anna. Les spécialités françaises ne sont pas dédaignées : riz à la Pompadour, petits-choux, aussi bien que « ma soupe à se mettre à genoux devant » !

A l’occasion de l’exposition Paris 1894. Les artistes finlandais autour de Gauguin et Strindberg, qui s’est tenue à la Maison-Musée Tikanoja, à Vaasa ( 2.6.-1.10.2017 ) quatre recettes de Fanny Låstbom ont été éditées en suédois et en traduction finnoise sous la forme de cartes postales : Meringue aux pommes, Petits-choux, Soupe à la nordique de Ville Vallgren, Gâteau aux oeufs d’Ida Molard. Les proportions ont été transcrites en grammes et décilitres. Quand l’histoire de l’art passe en cuisine…