Une collection de près de 200 dessins du XVIIIe siècle appartenant aux collections nationales finlandaises a fait l’objet d’une enquête pleine de rebondissements lors de la préparation de l’exposition « Rococo – Interprétations nordiques ».

Il est apparu qu’une collection de dessins du XVIIIe siècle, piquée de petits trous dans l’angle gauche du papier Ingres comme pour les attacher ensemble, avait appartenu à la famille Edelfelt avec la conviction qu’elle était de la main d’Augustin Ehrensvärd – le fondateur de la forteresse de Suomenlinna. D’autres dessins provenant de la même collection ont été identifiés au musée Ehrensvärd de Suomenlinna. Une lettre d’Albert Edelfelt à sa mère, datée du 29.11.1896, atteste de cette glorieuse attribution et d’un certain fétichisme associé à la personne du célèbre militaire suédois.

Afin de retrouver l’esprit du XVIIIe siècle lors de l’élaboration de ses propres motifs néo-rococo, il est apparu qu’Albert Edelfelt avait reproduit un certain nombre de ces dessins. Il leur avait cependant apporté quelques corrections, évitant la maladresse des proportions qui attestait la main d’un amateur.

De fait, il apparaît aujourd’hui que les dessins originaux seraient des copies effectuées par un élève de Nils Georgii. Un recueil de dessins de la même mouture, conservé à l’université d’Uppsala, indique en effet que le miniaturiste suédois les aurait destinés à ses élèves, dans le but d’exercer leur oeil et leur main.

Les dessins tirés du carnet de croquis d’Albert Edelfelt ont été mis en regard des originaux du XVIIIe siècle dans une vidéo présentée au sein de l’exposition et sur le site Internet du musée Sinebrychoff. Un double mystère reste cependant à élucider : qui serait cet élève de Nils Georgii à l’origine de ces nombreuses copies, et comment se seraient-elles retrouvées dans la famille d’Albert Edelfelt ?